Penser à la fin de vie de nos déchets : le retour de la consigne en France ?
La question de la fin de vie de nos emballages est centrale dans la lutte contre le dérèglement climatique. Chez EthicDrinks, cet enjeu est pensé constamment afin de réduire au mieux notre impact sur l’environnement.
Aujourd’hui, les déchets que nous produisons sont recyclés. Mais on peut faire encore mieux que le recyclage, grâce au réemploi !
À la différence du recyclage, le réemploi permet d’éviter que l’objet en fin de vie ne passe à l’étape de déchet. Ainsi, il est récupéré au lieu d’être jeté, et est modifié, lavé, ou déformé pour lui donner une seconde vie.
C’est donc tout naturellement que la question du système de consigne se pose.
La consigne a longtemps été un principe répandu en Europe pour les contenants de boissons. Il y avait la tournée du brasseur, celle du laitier, qui passaient quotidiennement distribuer leurs boissons avant d’en récupérer les bouteilles vides pour les laver et assurer leur réemploi.
Si certains territoires ont maintenu la consigne comme l’Allemagne, elle a majoritairement disparu à la fin du XXème siècle, notamment à cause des faibles coûts des produits neufs et du développement du plastique.
Alors, la consigne plutôt que le recyclage ?
Pour recycler le verre, il faut d’abord le trier, évidemment, comme pour tous les déchets. Le verre trié est ensuite récupéré et transporté jusqu’en recyclerie, où il sera broyé avant d’être fondu. Tous les débris passent 24h à près de 1500°C pour être fondus et remodelés dans différentes formes de contenants (bocaux, bouteilles, pots de yaourt, etc.). Ce processus permet d’assurer une production de bouteilles recyclées, mais ne permet pas d’éviter au verre de passer au stade de déchet. Cette méthode est pratique car elle peut être appliquée à grande échelle. Le recyclage du verre est aujourd’hui un enjeu très important tant il permet de réduire les émissions de la filière verre.
De son côté, la consigne prône le réemploi des bouteilles. Après l’achat et la consommation, la bouteille est rapportée par le consommateur en point de collecte. Elle sera ensuite envoyée en centre de lavage, puis retournée à des producteurs locaux pour être remplie à nouveau et remise sur le marché.
À quantité égale, la consigne du verre permet d’éviter 75% des consommations énergétiques et de réduire de 33% l’utilisation d’eau par rapport au recyclage.
Ce système induit un besoin de standardisation des bouteilles : les modèles utilisés ne peuvent pas diverger de la norme, dans le but de pouvoir les laver ensemble et de mutualiser les opérations de transport et de lavage des contenants. Aussi, la consigne doit se faire localement pour avoir un impact positif par rapport au recyclage, qui est largement plus démocratisé au niveau local. Selon une étude de l’ADEME (Agence de la Transition Écologique), la consigne est impactante si le parcours de la bouteille reste inférieur à 200km. Autrement, l’impact des transports prend le dessus sur les vertus du réemploi des bouteilles en verre. Mais alors, comment et pourquoi mettre en place un système de consigne écologiquement efficace ?
Aujourd’hui, bien que différents acteurs se lient afin de redéployer une consigne efficace sur l’ensemble du territoire, il n’existe pas de solution de lavage dans notre région.
Alors oui, la consigne a un impact moindre que le recyclage, à quelques conditions : un taux de retour élevé, une logistique efficace, des bouteilles standardisées, des solutions de lavage de proximité, etc.
Sans cela, le recyclage du verre reste la meilleure solution.
EthicDrinks a alors décidé de rejoindre le Réseau Consigne pour échanger avec divers acteurs du milieu, à propos des enjeux, des contraintes, des méthodes et des leviers d’actions pour le réemploi du verre. La consigne ne pouvant être efficace qu’à l’échelle locale, de nombreuses organisations tentent, de manière collaborative, de faire renaître ce système dans différentes régions françaises.
Dans le Sud-Ouest, c’est l’association Reverredire qui tente de faire bouger les lignes pour assurer le réemploi du verre. En Nouvelle Aquitaine, c’est La Consigne Bordelaise qui se place comme un acteur principal du prochain futur réseau de consigne locale.
En ce moment, La Consigne Bordelaise lance une campagne de financement afin de restructurer le système de consigne dans la région. Pour cela, ils font appel à nous tous pour les aider à changer d’échelle, en passant de 5000 bouteilles collectées en 2021 à 35, 50 voire 80 000 bouteilles lavées en 2022 !
Même si la consigne est très prometteuse et participe grandement à la réduction de nos émissions, ces bienfaits sont conditionnés par de multiples facteurs, notamment celui de la localité. Le développement conjoint des différents acteurs nous permettra à termes d’avoir des solutions locales, performantes, et responsables pour la planète.
Et si, localement, vous aviez la possibilité d’avoir recours à des bouteilles consignées, seriez-vous prêt à franchir le cap ?