L’année 2022 a été marquée par des épisodes climatiques intenses : sécheresses hivernale et estivale, grands froids, gel ou encore épisodes caniculaires. Ce sont tant de phénomènes qui fragilisent nos écosystèmes et notre viticulture. Après une année 2021 en demie teinte, 2022 risque d’être une année désastreuse pour les récoltes de nos vignerons.
Depuis le début de l’été, la France n’a connu qu’un épisode orageux et pluvieux, durant la deuxième moitié du mois d’août. Avant ça, nous avons connu près de deux mois de sécheresse et d’enchaînement d’épisodes caniculaires. En raison du dérèglement climatique, ces phénomènes sont de plus en plus récurrents et intenses, ce qui menace les récoltes agricoles.
Au-delà de la nutrition des sols, la pluie leur permet aussi de respirer. En temps normal, l’eau que reçoivent les terres est absorbée, comprenant une certaine quantité d’air. Cela permet d’aérer les sols et de réduire leur densité, laissant aux nutriments et insectes d’y pénétrer.
En période de sécheresse, les sols se densifient et se perméabilisent. Asséchés, ces derniers ne sont plus en mesure de boire l’eau des précipitations, qui reste à la surface. Durant les épisodes orageux et pluvieux intenses, le risque d’inondation est plus haut.
En ville, les risques d’inondation sont beaucoup plus élevés, à cause de l’imperméabilisation et l’artificialisation des sols.

L’impact de la sécheresse et des fortes chaleurs sur la viticulture
Nous l’avons vu plus haut, du fait de la sécheresse, les sols s’alimentent en eau grâce à leurs réserves, plus ou moins grandes. Par chance, les vignes sont des plantes qui ne nécessitent pas énormément d’eau pour être maintenues en bonne santé. Toutefois, le raisin en lui-même a besoin d’eau pour être gorgé de jus : plus il y a d’eau dans les sols, plus les raisins sont gros et juteux. Les vignes puisant de l’eau dans leurs réserves, elles se fatiguent, donnant des grappes moins grosses et juteuses.
Cette année, on estime que la taille des fruits sera 10 à 15% plus petite que les années précédentes. Et si les raisins sont plus petits, le potentiel de production de vin est réduit.
En fonction des régions, les fruits sont plus ou moins habitués à ces épisodes de fortes chaleurs et de stress hydrique. C’est notamment le cas du Languedoc et des vignobles du sud en général. Pour les vignobles du Pays de la Loire, cet été est bien plus compliqué. Moins familiers des fortes chaleurs, les vignobles de ces régions vont connaître plus de difficultés.
Les fortes chaleurs jouent aussi sur la maturation des raisins. Avec les hautes températures, le raisin brûle et mûrit trop tôt dans beaucoup de régions. Les arômes n’ayant pas le temps de se développer, le vin produit peut se trouver être moins goûtu qu’à l’accoutumée. Ce climat fait aussi diminuer l’acidité du vin, tout en réhaussant le taux d’alcool et de sucre. Tout l’équilibre du vin en est menacé.
Pour pallier les risques de perte, certains domaines ont entamé leurs vendanges dès la fin du mois de juillet, et au début du mois d’août. Les premiers coups de sécateurs arrivent une à trois semaines plus tôt que d’habitude. Ces pratiques se répètent d’année en année et sont vouées à perdurer avec le dérèglement climatique. Ce qui est aujourd’hui exceptionnel se trouvera être la norme d’ici quelques années.
Malgré tout, certains domaines n’ont pas encore démarré leurs vendanges, espérant des épisodes de pluvieux tardifs qui pourraient sauver la situation.
Quantités réduites, qualité approximative : comment adapter la viticulture au dérèglement climatique ?

Pour certains, l’avenir de la viticulture se trouve dans les cépages oubliés. Sur les 400 cépages présents en France, plus des deux tiers ont été abandonnés, jugés pas assez rentables. Pourtant, nombre d’entre eux pourraient être mieux adaptés, particulièrement les cépages montagneux, qui ont tendance à être résistants à la sécheresse et dont la maturation est plus lente.
L’intérêt des vignerons peut se trouver aussi dans les cépages méditerranéens : en allant chercher des cépages étrangers, on retrouve dans le fruit des caractéristiques différentes, dont une résistance accrue aux fortes chaleurs et à la sécheresse. Dès 2009, à Bordeaux, un vignoble expérimental a été mis en place. Il s’agit d’une culture d’une cinquantaine de cépages, Français, Espagnols et Portugais, afin d’évaluer leur potentiel.
Une autre solution serait de relocaliser les plantations. Avec le réchauffement climatique, de nouveaux territoires obtiennent des conditions propices à la viticulture. Progressivement, des régions plus au nord voient leurs températures augmenter et se lancent dans la culture du vin. C’est le cas notamment de la Bretagne, des Hauts-de-France, mais aussi de certains pays comme l’Angleterre ou le Danemark. Cela ne veut pas dire que les vins de grandes appellations seront produits ailleurs que dans leurs régions. Cela signifie surtout qu’une grande diversité de vins est destinée à voir le jour.
Des initiatives personnelles émergent aussi. Beaucoup de viticulteurs lancent des expérimentations à leurs échelles : modification de la densité des parcelles pour nécessiter moins d’eau, assainir les eaux usées, plantation d’arbres pour couvrir les vignes .. Une exploitation a aussi pris l’initiative de couvrir les vignes de panneaux solaires.
Même si, comme nous l’avons vu, nous sommes en mesure de nous adapter à ces nouvelles conditions de culture et de récolte, il est impératif de limiter le réchauffement climatique pour tendre vers un réchauffement global de + 1.5°C. Les épisodes climatiques extrêmes sont amenés à se reproduire, s’amplifier et devenir la norme.
Il est primordial d’adapter nos modes de vies et de consommation pour limiter les impacts du dérèglement climatique sur la planète et sur les hommes. Autrement, la planète deviendrait très vite difficilement habitable.
Et pour cela, nous avons pris énormément d’engagements, afin de limiter les impacts de notre activité. Vous pouvez retrouver ces engagements juste ici.